Finis l’inflation, le pouvoir d’achat des ménages, la guerre en Ukraine, la hausse des taux, le Covid, les difficultés d’approvisionnement des entreprises, les faillites, le PGE, …retour en force de notre bon vieux déficit budgétaire en cette rentrée scolaire 2024.
Impossible d’y échapper, il est dans tous les programmes, à la une de tous les journaux économiques et généralistes, il circule en boucle sur toutes les chaînes d’info en continu…à croire presque qu’il avait disparu, comme par miracle, pendant toutes ces années. Et pourtant, il est là, et bien là !
Alors, on prend les mêmes et on recommence…
«Un cocktail bien proportionné» de réduction des dépenses et de «certaines hausses d’impôts ciblées, justes» : telle est la formule du gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, pour contrer ce nouveau dérapage budgétaire.
Selon les dernières prévisions, le déficit public de la France pourrait en effet atteindre 5,6 % du PIB en 2024, voire les 6%, alors que les prévisions tablaient sur 5,1 %.
« La maladie française, c’est que nous accumulons depuis trop longtemps trop de déficit et trop de dettes, et que cette situation ne peut plus durer. La dette coûte de plus en plus cher, les dépenses héritées du passé nous empêchent de financer les dépenses d’avenir. Et les prêteurs internationaux, qui prêtent à la France, nous disent : il faut réagir », a averti le gouverneur de la Banque de France le 25 septembre dernier.
Tiens donc ?
Le nouveau ministre de l’Économie, Antoine Armand, à peine nommé, a pour sa part réagi : « À part une ou deux années de crise exceptionnelle ces 50 dernières années, on a un des pires déficits de notre histoire ».
L’heure est grave, docteur ?
En réponse, Michel Barnier, chef des urgences tout aussi fraîchement nommé, envisage d’augmenter les impôts, après sept années de politique (généreuse) de réduction fiscale.
Même le Medef, d’habitude peu enclin à des hausses d’impôts pour les entreprises, s’est déclaré être « prêt à discuter », à condition que l’État « prenne en compte la conjoncture » et évite des mesures qui nuiraient aux entreprises et creuseraient encore plus le déficit.
Première piste : taxe sur le rachat d’actions et surtaxe pour les entreprises les plus riches
À l’issue d’une prochaine réunion avec Matignon, le Medef pourrait donner son accord pour l’instauration d’une taxe sur les rachats d’actions, option qui avait déjà été évoquée par Gabriel Attal, alors Premier ministre, suggérant alors la possibilité de taxer « les opérations type rachat d’actions menées par de grands groupes qui, plutôt que d’investir et de mieux rémunérer leurs salariés, rachètent leurs propres actions pour faire monter leur cours ».
Pas mal, mais peut mieux faire…
Une autre option envisagée est l’instauration d’une surtaxe sur l’impôt sur les sociétés au-delà d’un certain seuil de chiffre d’affaires.
« S’il doit y avoir une surtaxation des entreprises, il faut que ce soit très ciblé, raisonnable en montant » et « exceptionnel, c’est-à-dire uniquement sur 2025 », a récemment indiqué le Président du Medef, Patrick Martin, au micro de franceinfo.
Pour rappel, actuellement, le taux de l’impôt sur les sociétés s’élève à 25 % (depuis le 1er janvier 2022) contre 33 % auparavant.
Rien de neuf là encore…
Retour en arrière ? Rétropédalage ? Mesurettes ?
Certains pourraient légitimement crier au scandale tant les bénéfices de la baisse d’impôts sur les sociétés ont été favorables à l’attractivité de la France.
Pour autant, ce ne serait pas la première fois.
Déjà en 2017, une surtaxe sur les sociétés avait été exceptionnellement instaurée. Les 320 plus grandes entreprises françaises générant plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires avaient en effet été imposées à 38,3 % au lieu du taux normal de l’époque (33 %). Pour celles dont le chiffre d’affaires dépassait les 3 milliards, le taux était de 43,3 %.
L’exécutif se retrouve donc confronté aujourd’hui à un dilemme de poids : réduire la dette ou l’attractivité de la France ?
Avec 1194 projets d’investissements recensés en 2023, la France conserve en effet son titre de championne d’Europe de l’attractivité pour la 5e année consécutive. Tel est le constat d’EY, qui publie sa cinquième enquête annuelle, recensant les projets d’investissements étrangers en Europe et analysant la perception de la France chez les décideurs.
Dans le détail, la France reste le pays le plus attractif pour les investissements industriels en Europe. Avec 530 projets comptabilisés, elle conserve « une position de leader qu’elle détient depuis plus de 20 ans », selon Business France.
Elle occupe également la 1ère place européenne pour le nombre d’usines créées ou étendues et pour le nombre d’emplois générés dans les sites de production. De même, l’hexagone garde son titre de « champion de l’innovation en Europe » avec 123 projets recensés en 2023 dans la R&D. Il est ainsi important de souligner, selon Business France, que la France est la première destination en Europe « pour les investissements étrangers dans l’intelligence artificielle avec 17 projets recensés en 2023 », se situant ainsi devant le Royaume-Uni (12 projets) et l’Allemagne (9 projets).
Sur le plan des implantations, cinq régions françaises, Ile-de-France, Auvergne-Rhône-Alpes, Grand Est, Hauts de France et Occitanie, figurent dans le top 15 des régions les plus attractives en Europe en nombre de projets d’investissements étrangers. Pour Business France, cette implantation « illustre la capacité des territoires à attirer les investisseurs étrangers et pas uniquement dans les grandes métropoles ».
Une confiance accrue
Au-delà des chiffres, l’enquête de perception menée par EY indique que 76% des dirigeants interrogés « se déclarent plus confiants sur la capacité de la France à maintenir ou même accroître son attractivité » contre 53% en 2023.
Toujours selon EY, les investisseurs « interrogés hors de France, ou qui n’y sont pas encore », sont les plus optimistes à l’égard de l’hexagone et soulignent même « le paradoxe particulier d’une France qui doute de l’intérieur et séduit à l’extérieur ».
C’est sur cette dernière remarque que je souhaiterais conclure et m’attarder…la France qui « doute de l’intérieur et séduit à l’extérieur » est presque mot pour mot ce que tous les journalistes ont dit et écrit à l’issue des JO de Paris 2024.
Une note d’optimisme dans ce climat sombre : Même sans gouvernement, en pleine crise démocratique et existentielle, la France est encore capable de montrer le meilleur d’elle même.
Comment ?
En innovant, en cassant les codes et les tabous, en brassant les idées et les opinions, en modernisant son histoire, …bref, en INNOVANT.
Ne cédons donc pas aux sirènes du passé, ne resservons pas les mêmes recettes périmées, élaborons nous-mêmes et aujourd’hui de nouvelles recettes qui permettront de conjuguer croissance, attractivité et rigueur budgétaire.
Nous en sommes largement capables.
Alors, osons et soyons audacieux…
Hubert Demaison
Fondateur et Directeur Général d’Adven Transition